וירא
Parashat Vayéra
Le mérite des femmes
Torah : Béréshit/Genèse 18:1 à 22:24
1er montée (rishôn) : (Bér/Gen. 18:1-14)
2ième montée (shéni) : (Bér/Gen. 18:15-33)
3ième montée (shlishi) : (Bér/Gen. 19:1-20)
4ième montée (révi'i) : (Bér/Gen. 19:21-21:24)
5ième montée (hamishi) : (Bér/Gen. 21:5-21)
6ième montée (shishi) : (Bér/Gen. 21:22-34)
7ième montée (shevi'i) : (Bér/Gen. 22:1-24)
Maftir : (Bér/Gen. 22:20-24)
Haftarah : II Mélakhim/2 Rois 4:1 à 37
Torat Yeshou'a : Matityahou/Mathieu 10:5-23, Luc 17:20-37, Lettre envoyée aux Hébreux 11:1-19
Avrahâm reçoit la visite de trois mélakhim, messagers célestes, qui lui annoncent la naissance prochaine d'un fils. Puis ils partent, afin de juger et détruire Sédome et 'Amora, sur l'ordre d'E.lohim. Néanmoins, le patriarche prend la défense de cette région et essaye tant bien que mal de faire reporter cet évènement. Au final, seul Lot et ses filles s'échapperont vivants de la ville, après que les envoyés aient jugé les fautes commises, dont l'homosexualité débridée. De sa progéniture, Lot mettra au monde deux peuples : les moavites et les 'ammonites. Par la suite, 'Avimélèkh enlève Sarah mais ne peut la toucher, car protégée par HaShem. Puis, Yitshaq vient au monde, et Hagar est chassée avec son fils dans le désert. Cependant, le Créateur met Avrahâm à l'épreuve en lui demandant de faire monter son fils sur la montagne. Mais le père du peuple d'Israël réussit son ultime épreuve et HaShem le bénit pour l'éternité !
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"Je vais donc descendre et Je verrai : est-ce que comme son cri qui est parvenu jusqu'à Moi, ils ont fait ?" (Béréshit/Genèse 18:21)
De quel cri est-il question ici ? "C'est le cri d'une certaine fille qu'ils avaient tuée d'une mort inouïe parce qu'elle avait donné de la nourriture à un pauvre" (Rachi). La fille avait pris en pitié un pauvre et lui donnait chaque jour de quoi se nourrir. Cela fut néanmoins découvert et elle fut brûlée sur un bûcher, et mourut dans de grandes souffrances (Pirqé deRabbi Eli'ezer, chap.25). Cet acte scella le jugement de ces villes.
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"Et sa femme regarda par derrière lui et elle devint un pilier de sel" (Béréshit/Genèse 19:26)
Pourquoi sa punition a-t-elle consisté à se transformer en sel, et non pas en marbre ou en pierre ? Car "c'est par le sel qu'elle avait pêché, et c'est par le sel qu'elle fut donc punie. Lot lui avait dit : "Donne un peu de sel à ces invités", et elle lui dit : "Même cette mauvaise coutume, tu viens instituer dans cet endroit !" (Rachi). Puisqu'elle refusa d'accueillir ses invités convenablement, mesure pour mesure, elle fut punie en fonction de son acte.
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"Notre père est vieux et il n'y a pas d'homme sur Terre" (Béréshit/Genèse 19:31)
"Elles pensaient que le monde entier avait été détruit comme lors de la génération du déluge" (Rachi)
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« Sarah rit en elle-même en disant : après que je sois usée, aurais-je une peau fraîche, et mon mari est vieux ? HaShem dit à Avraham : pourquoi Sarah a-t-elle rit en disant : vais-je enfanter, alors que je suis vieille ? » (Béréshit/Genèse 18:12-13)
« La réponse de Sarah a été changée pour maintenir la paix au foyer, car en réalité elle avait dit : « mon mari est vieux » » (Rachi)
HaShem a menti ! En effet, Sarah, riant du fait qu'elle pouvait encore tomber enceinte vu son âge, s'est dit : de plus, mon mari est vieux ! Or, HaShem répétant ces paroles devant le couple, dira « pourquoi as-tu dit que tu es vieille » ? Nous voyons donc que la phrase a été transformée par le Créateur Lui-même, tout cela pour préserver l'entente du vieux couple, car Il ne voulait pas que le patriarche sache que son épouse parle de lui d'une telle façon. Même si il n'y a rien de péjoratif, aucune moquerie ou ironie dans ses paroles, la Torah nous enseigne ici qu'au sein d'un couple, toute parole doit être mesurée car un simple « raté » et tout peut dégénérer !
C'est pourquoi les Maîtres d'Israël ont donné beaucoup d'enseignements au sujet du couple, afin qu'il puisse se construire de la meilleure manière possible, avec les bons outils, et sur de bonnes fondations. Voici ci-dessous quelques perles de la sagesse d'Israël (vous remarquerez que dans la grande majorité des cas, les femmes occupent, dans les paroles des Maîtres, la « place royale » car selon eux, beaucoup de problèmes chez les couples prennent racines chez l'homme, pour différentes raisons) :
« La piété du mari provient de sa femme » (Béréshit Rabbah)
« Tout celui qui épouse une femme vertueuse est considéré comme ayant accompli toute la Torah, du début à la fin » (Midrash Zouta Routh)
« La femme est plus proche du but pour lequel elle a été créée. Ainsi, même sans l'étude de la Torah, elle pourra atteindre sa finalité » (Rav Hirsh)
« La brakha/bénédiction ne réside dans la maison d'un homme si ce n'est grâce à sa femme » (Talmud Baba Metsia 59a)
« Pourquoi Moshé/Moïse a-t-il enseigné la Torah aux femmes en premier ? Parce qu'elles sont plus empressées à accomplir les commandements Divins que les hommes » (Midrash Rabbah Yitro, 28)
« Au sujet de celui qui aime sa femme autant que son corps, et qui la respecte plus que son propre corps, la Torah dit : et tu verras le Shalom fixé dans ta tente » (Yévamot 65b)
« L'homme doit abonder en marques d'amour et d'affection envers son épouse » (Beith hadash, paragraphe 280)
Plus encore : le shalom, la paix, et la construction du couple sont tellement importants qu'HaShem Lui-même permet d'effacer Son Propre Nom écrit sur un parchemin (ce qui est dans tous les autres cas une interdiction formelle) pour préserver l'harmonie entre un mari et son épouse. En effet, dans le Séfer Bamidbar, le livre des Nombres, il est rapporté que si un mari a des soupçons d'infidélités sur sa femme, il doit l'amener devant le Cohen, le sacrificateur, qui fera boire une « potion » à la femme. Si elle est innocente, elle est bénie et mettra au monde, entre autre, un garçon. Si elle a cependant fauté, son ventre gonfle, et elle décède dans de grandes souffrances. Or, cette « potion », c'était tout simplement...un parchemin contenant entre autre le Nom Divin en hébreu, immergé dans de l'eau, et s'y effaçant.
La paix donc, en particulier dans le couple, est le réceptacle de toutes les bénédictions. A méditer !
Comprendre le couple
Pourquoi une telle importance au sujet de l'union homme-femme ? Et pourquoi la Torah donne-t-elle une telle place à la femme, au point qu'elle affirme que l'homme est responsable de la majorité des problèmes au sein de son couple ?
La création du monde suit un ordre bien établi, allant du minéral au végétal, puis de l'animal à l'humain. Plus nous approchons du Chabbat de la création, le septième jour, plus les créatures se rapprochent de leur perfection. Selon ce point de vu donc, la femme, ayant été créée après l'homme, se rapproche plus de sa finalité que ce-dernier. C'est une des raisons pour laquelle la femme a beaucoup moins de commandements à pratiquer que l'homme car ceux-ci servent à nous connecter à notre Père Céleste, or, la femme, de par sa nature, possède plus de connexions que l'homme. Elle est donc moins « malade » spirituellement que son conjoint, et bénéficie, en potentiel, d'un niveau plus élevé.
Prenons un exemple pour illustrer cela : la Torah donne à l'homme deux commandements obligatoires : se marier et mettre des enfants au monde. Nos Maîtres se posent la question : et pourquoi la femme n'est-elle pas soumise aux mêmes obligations ? Ne doit-elle pas elle non plus construire un couple et une famille ? La réponse est simple : la Torah n'a pas donné ces mitsvot aux femmes puisqu'elles aspirent naturellement à se marier et fonder une famille, tandis qu'un homme, lui, si il n'y était pas astreint par HaShem, pourrait se contenter de « butiner » de ci de là, ou tout simplement rester seul !
En réalité, les commandements sont donnés pour aller contre notre nature, pour nous parfaire ! Cela répond également à une autre interrogation : le Talmud affirme que dans le monde futur, tous les commandements vont disparaître : il n'y aura plus besoin de mitsvot écrites et ordonnées puisqu'elles seront inscrites sur le cœur. Ce qui signifie qu'instinctivement, de nous-même, nous mettrons toute la Torah en pratique, Shabbat, les Fêtes, Téfilines, B'rit Milah/Circoncision, Casheroute, etc.
Ainsi, pour en revenir au couple, l'homme a besoin de la femme (et vice-versa mais dans une moindre mesure) pour se parfaire et se réparer spirituellement, pour faire son tikoun. Cela répond automatiquement aux autres questions posées également : l'homme étant plus abîmé, c'est donc lui qui cause le plus de dommages dans ses relations, et donc l'importance de la femme est primordiale : aider son mari à se réparer !
À un niveau plus profond, cela se vérifie également, puisque à l'instar du couple, toute la création et les mondes supérieurs sont bâtis sur la notion du masculin et du féminin, du donneur et du receveur. Le Soleil donne sa lumière à la lune, le mâle donne la semence à la femelle, le ciel donne la pluie à la Terre...L'homme doit donc donner à sa femme pour la construire. Or, étant plus abîmé, il remplit moins bien son rôle, donc donne mal (ou ne donne pas!), et prive la femme de sa propre réparation, attendant ce qui lui est dû, comme il est dit :
« L'homme ne privera pas sa femme de nourriture, de vêtements, du droit conjugal » (Shémot/Exode 21:10)
Ce verset devra s'étudier et de comprendre à différents niveaux.
Mais alors, si tout se passe ainsi, si la femme est plus proche de sa perfection que l'homme, comment se fait-il que durant toute l'histoire, elle a toujours été présentée comme le « sexe faible », opprimée, violentée, la « faible » ?
Car comme cela a été dit, dans ce monde, plus l'on se rapproche du Chabbat, plus se rapproche de la perfection (au passage, dans les secrets de la Torah, la femme est assimilée au septième jour, Chabbat, et à la Malkhout, la Royauté). La femme est donc le summum de la création, « seulement » dépassée par....HaShem Lui-même ! Or, tout ce qui se rapproche du Chabbat est également tout ce qui, dans ce monde, est le plus piétiné : la femme donc...et le Créateur Lui-même. Car qui est plus humilié, « violenté », persécuté que D. ? A chaque instant Il nous donne la vie, et s'efface à un tel point qu'il nous permet de Le renier, de croire que tout est fruit du hasard, de faire des guerres en Son Nom (et donc de salir et piétiner Son Nom), etc ?
D'ailleurs, que la dimension féminine soit diminuée tant que la Délivrance Finale et le Roi Messie ne sont pas là a déjà été dévoilée par la Torah :
« Et Il fit, E.lohim, les deux grands luminaires : le grand luminaire pour le règne du jour et le petit luminaire pour le règne de la nuit et les étoiles » (Béréshit/Genèse 1:16)
Il y a là une question qui se pose : la Torah parle de deux grands luminaires, puis juste après d'un grand et d'un petit ! Alors, sont-ils de même taille ou non ?
La réponse vient de Rachi :
« Égaux ils ont été créés en taille et en puissance, mais la Lune a été diminuée parce qu'elle a accusé et a dit : il est impossible à deux rois de se servir d'une seule couronne. Et par le fait qu'Il a diminué la Lune, il a augmenté ses armée d'étoiles pour apaiser son esprit »
Décodage : l'homme et la femme ont été créés égaux, mais durant les 6000 ans que dois durer l'histoire humaine, la femme ou dimension féminine a été diminuée (pour plusieurs raisons). En « compensation », E.lohim lui a donné les étoiles (les enfants).
« Le peuple Juif ne peut être délivré que grâce au mérite des femmes vertueuses de la génération » (Yalkout Shim'ôni Routh)
Le zivoug
Avraham affirme au sujet de Sarah son épouse la chose suivante :
« Il est vrai qu'elle est ma sœur, fille de mon père, seulement elle n'est pas fille de ma mère, et elle est devenue ma femme » (Béréshit/Genèse 20:12)
Quand Adâm et Havah ont eu Qayîn et Havèl, deux sœurs jumelles sont nées avec Havèl, et une avec Qayîn, comme cela est livré par allusion dans la Torah :
« Or, l'homme s'était uni à Havah, sa femme. Elle conçut et enfanta Qayîn, en disant: "J'ai fait naître un homme, conjointement avec HaShem !" Elle enfanta ensuite son frère, Havèl »
En hébreu, cela donne la phrase suivante :
וְהָאָדָם יָדַע אֶת־חַוָּה אִשְׁתּוֹ וַתַּהַר וַתֵּלֶד אֶת־קַיִן וַתֹּאמֶר קָנִיתִי אִישׁ אֶת־יְהוָה וַתֹּסֶף לָלֶדֶת אֶת־אָחִיו אֶת-הָבֶל
Nous remarquons pour pour Qayîn, il est dit une fois le mot את eth en hébreu, et deux fois pour Havèl, et Rachi révèle : « Le fait de préciser trois fois את eth indique une augmentation, pour nous enseigner qu'un sœur jumelle est née avec Qayîn et avec Havèl étaient nées deux sœurs jumelles ».
Pendant plusieurs siècles, chez les tsaddikim/justes, des sœurs jumelles naissaient avec les garçons et devenaient leur femme. Le Méam Loez rapporte pour sa part que les fils de Ya'aqov/Jacob se sont mariés avec leur jumelle. D'où la notion « d'âme-soeur ». Avec le don de la Torah, HaShem a cessé cette conception, puisque la Torah interdit expressément le mariage d'un homme avec sa sœur. De nos jours donc, il est impossible que l'âme-soeur ou zivoug en hébreu d'un homme soit un(e) proche parent(e) (frère, sœur).
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La guématria des mots en hébreu "Il lui apparut" (Béréshit/Genèse 18:1) est de 264, correspondant à celle de la phrase "c'est par l’honneur de la circoncision qu'Il lui apparut" (Ba'al Hatourim). En effet, sans la circoncision de la chair, il est impossible à un homme d'atteindre le plus hauts sommets spirituels, puisque le prépuce est la signature du serpent sur le corps de l'homme, et, spirituellement parlant, bouche son âme. Nos Maîtres nous apprennent que chaque mitsvah de la Torah octroie à l'homme une connexion au Divin supplémentaire. Sans la circoncision, la personne ne peut pas progresser dans Sa connaissance.
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Toujours selon le Ba'al Hatourim, la valeur numérique de la phrase en hébreu "Et voici, trois [hommes]" (18:2) est de 701, comme la phrase "Ce sont Mikhaël, Gavriel et Rafaël", c'est-à-dire le nom des trois messagers célestes venus vers Avrahâm.
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Quand nous lisons le Texte de la Torah écrite, nous observons qu'Yitshaq n'a pas été tué, et qu'un bélier a été offert à sa place. Curieusement, dans Torat Yeshou'a, il est rapporté que le fils d'Avrahâm serait vraiment mort : "Par la émounah, Avrahâm, éprouvé, offrit Yitshaq. Ayant reçu les promesses, il présenta néanmoins son fils unique, dont il lui avait été dit : "En Yitshaq, une semence sera criée pour toi". Il estimait qu'HaShem avait le dynamisme de réveiller même d'entre les morts. Alors il le retrouva" (Lettre envoyée aux Hébreux, 11:17-19).
Le Midrash vient à notre secours en nous détaillant ce qui s'est réellement passé : "Rabbi Yehoudah dit : lorsque la lame atteignit le cou d'Yitshaq, son âme s'envola et sortit. Lorsqu'il fit entendre sa voix entre les deux kérouvîm et qu'Il dit : "N'étends pas la main sur le garçon" (22:12), l'âme réintégra le corps. Avrahâm le délia et Yitshaq se mit debout sur ses pieds. Yitshaq connut alors la résurrection des morts et sur que les morts revivraient dans le futur. A ce moment-là, il ouvrit la bouche et dit : "Tu es Source de Bénédiction, Tu fais revivre les morts !" (Pirqé deRabbi Eli'ezer, chap.31).
C'est la raison pour laquelle il s'agit ici d'une allusion au Messie fils d'Efrayim : ayant atteint le niveau ultime dans ce monde, il est considéré comme "fils unique" pour le Saint Béni Soit-Il, qui l'offre comme qorbân pour le monde, étant parfait, comme Yitshaq, qui "avait été agréé comme holocauste" (ibid.), et qui était comme "une odeur agréable au Saint Béni Soit-Il" (Ibid.).
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Alors que la Torah rapporte la débauche qui régnait à Sédôm, le Zohar fait l'éloge de la pureté sexuelle et ses bénéfices : "Rav Yehoudah dit : pourquoi Yosef mérita-t-il une telle majesté et une telle royauté ? Parce qu'il contrôlait ses pulsions ! La Tradition enseigne : qui contrôle ses pulsions, la royauté du ciel lui est destinée ! Ainsi disait Rabbi A'ha : le Saint Béni Soit-Il n'a créé le penchant au mal que pour éprouver les hommes" (Zohar Vayéra 106b). A l'inverse, pour les impies : "Les méchants qui ont endommagé l'alliance de la circoncision qu'ils portent sur eux [la débauche sexuelle sous toutes ses formes], qui ont profané le Shabbat en public ainsi que les Fêtes, qui ont nié la Torah et la résurrection des morts, descendent dans la géhenne où ils sont châtiés, et n'en remontent pas" (Zohar Vayéra 107a).
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L'homme doit non seulement se préserver des fautes, et prendre particulièrement garde à celles relatives à la sexualité, mais également avertir les pécheurs, avec tact, de leur état. Car celui qui ne dit mot consent, et sera alors jugé de la même manière qu'eux, car sans avertissement, leur sang retombera sur la tête de celui qui aurait pu parler, mais qui n'a rien tenté !
Il faut également toujours recherché le point positif chez l'autre et juger son prochain favorablement.