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En plus de l'ordonnance de la Torah, une allusion se trouve à cette fête dans le séfèr Devarim :

 

אֶרֶץ אֲשֶׁר-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ דֹּרֵשׁ אֹתָהּ תָּמִיד עֵינֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ בָּהּ מֵרֵשִׁית הַשָּׁנָה וְעַד אַחֲרִית שָׁנָה

« Une terre [Yisraël] sur laquelle veille HaShem ton E.lohim, et qui est constamment sous les yeux d'HaShem ton E.lohim, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin » (Deutéronome 11:12)

 

« Le commencement de l'année » se dit ici en hébreu MéRéshit HaShanah. Rashi commente ce verset ainsi : « Pour vérifier ses besoins et y renouveler Ses décrets, parfois en bien parfois en mal […] A Rosh HaShanah est décidé ce qui arrivera jusqu’à la fin de l’année ». De là, la Torah écrite nous enseigne par allusion que ce premier jour de Tishri est également un début d'année (tout comme le mois de Nissân avec la fête de Pessah, qui est le début de l'année des Rois).

 

La Guémara précise : « Rav Nahmân bar Yitshaq a dit : "[Le 1er Tishri est le début de l'année] pour le jugement, car il est écrit : 'Du début de l'année jusqu'à la fin de l'année' (Deutéronome 11:12). Ce qui signifie que depuis le début de l'année, un jugement est émis sur ce qui arrivera à la fin. Et d'où savons-nous que c'est une allusion à Tishri ? Car il est écrit : 'Sonnez du shofar lors du renouvellement de la lune, lorsqu'elle est couverte au jour de notre fête' (Téhilim/Psaumes 81:4). Or, pour quelle fête la lune est-elle couverte ? Tu dois dire que c'est Rosh HaShanah" » (Rosh HaShanah 8a-b).

 

Et la fixation de ce jour, que ce soit par le sanhédrîn en terre d'Ysraël ou le calendrier fixe que nos Sages nous ont légué, dépend d'eux : « Voici la nouvelle lune, consacre-la ! Et tout dépend de la consécration par le beit dîn [tribunal]. Comme l'affirme Rabbi Ocha'yah : "Lorsque les enfants d'Ysraël arrivent à Rosh HaShanah, le Saint, Béni Soit-Il, ordonne aux anges de service : 'Dressez une estrade et faites sortir les livres, car demain Je viens juger Mon monde'. Entre temps, les juges du tribunal d'en-bas changent d'avis et reportent Rosh HaShanah au jour d'après. Dans ce cas, le Saint, Béni Soit-Il, ne juge pas Son monde le lendemain. Les anges du service viennent devant le Saint, Béni Soit-Il, et Lui demandent : 'Maitre du monde, ne nous as-Tu pas dit « Demain Je vais juger Mon monde » ? Or, le jugement a été totalement annulé !' Il leur répond : 'Mes enfants ont reporté le jugement à demain et ils en ont le pouvoir, de sorte que vous devez vous conformez à ce qu'ils ont fixé. Et nous ferons tout suivant ce qu'ils ont fait !' C'est à ce propos que Moshéh, de mémoire bénie, a déclaré : 'Car quelle est la grande Nation qui a un E.lohim proche d'elle comme l'est HaShem dans tous nos appels envers Lui ?' (Dévarim/Deutéronome 4:7). Autrement dit, les mois et les fêtes appelés à la date fixée par nous sont aussi appelés et entérinés par Lui" » (Da'at Zeqénim sur Shémot/Exode 12:2).

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La tradition orale enseigne qu'il existe plusieurs moments où le jugement du Saint, Béni Soit-Il, s'exerce. Un être humain est jugé chaque jour de sa vie, selon ses pensées, ses paroles et ses actions. Puis, il y a le jugement du jour de Rosh HaShanah qui s'applique au monde entier et pour l'année à venir : qui vivra et qui mourra, qui s'enrichira et qui s'appauvrira, qui aura la santé et qui ne l'aura pas pleinement, qui se mariera et qui restera encore célibataire, qui aura des enfants et qui n'en aura pas encore, etc. Il y a ensuite le jugement au jour de la mort (ou au moment du retour du Roi Messie Yeshou'a, quand les comptes de chacun se ferment) : l'homme est alors jugé par le beit dîn (le tribunal) céleste sur toute sa vie. Le Talmoud au traité Shabbat (31a) nous rapporte les premières questions qu'on lui pose :

 

As-tu conduit tes transactions commerciales avec honnêteté ?

As-tu établi des temps pour [étudier] la Torah ?

T'es-tu impliqué dans la procréation ?

As-tu attendu avec espoir la yéchou'ah [la délivrance] ?

T'es-tu imprégné de sagesse [Divine] ?

As-tu déduit une chose d'une autre [dans l'étude de la Torah] ?

 

D'autres suivent : As-tu traité ton prochain avec respect ? T'es-tu habillée de façon décente ? Etc. Ces questions ouvrent son procès. Puis arrive le jugement sur chaque pensée, parole, action, mitsvah de la Torah accomplie, avec quelle intention, avec joie ou non. Enfin, une fois que le monde aura été réparé par le Messie, arrivera le Yom haDîn haGadol, le Jour du grand jugement, où chacun repassera une dernière fois devant le Saint, Béni Soit-Il, et sera jugé sur l'ensemble de sa vie, de ses missions, et des influences qu'il aura eu, et ceci jusqu'à la fin de l'histoire (par ses descendants, ses œuvres laissées derrières lui...).

 

Dans les écrits nazaréens, Yeshou'a nous fait part du jugement qu'il rendra à l'aube de l'ère messianique :

 

« Quand le fils d'Adâm [le Roi Messie] viendra dans sa gloire, avec tous les messagers, il siégera sur le trône de sa gloire, et tous les goyim [les nations] se rassembleront face à lui. Il les séparera les uns des autres, comme le berger sépare les moutons des boucs. Il mettra les moutons à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors, le Roi dira à ceux à sa droite : "Venez, bénis de mon Père ! Héritez du royaume préparé pour vous dès la fondation de l'univers. Car j'étais affamé et vous m'avez donné à manger ; j'étais assoiffé et vous m'avez donné à boire ; étranger, vous m'avez accueilli ; nu, vous m'avez vêtu ; malade, vous m'avez visité ; en prison, vous êtes venus à moi". Alors les tsaddiqim [les justes] lui répondront et diront : "Adôn, quand t’avons-nous vu affamé, pour te nourrir, assoiffé, pour te donner à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, pour te recueillir, ou nu, pour te vêtir ? Quand t’avons-nous vu malade ou en prison pour venir à toi ?" Le Roi répondra et leur dira : "Amèn, je vous dis : pour autant que vous l’avez fait à un de mes frères [le Juif], le dernier, vous l’avez fait à moi-même." Alors il dira à ceux de sa gauche : "Allez loin de moi, honnis, au feu de pérennité, préparé pour l'accusateur et pour ses messagers ! Oui, j’étais affamé, et vous ne m’avez pas donné à manger ; assoiffé, et vous ne m’avez pas donné à boire ; étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade, en prison, et vous ne m’avez pas visité." Alors ils répondront aussi et diront : "Adôn, quand donc t’avons-nous vu affamé, ou assoiffé, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas servi ?" Alors il leur répondra et dira : "Amèn, je vous dis : pour autant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ceux-ci [le Juif], le dernier, à moi non plus vous ne l’avez pas fait !" Ceux-là s’en iront vers la punition de pérennité, et les tsaddiqim vers la vie de pérennité. » (Matityahou/Matthieu 25:31-46)

 

Yeshou'a nous apprend ici que les nations du monde vont être jugées en fonction de leur comportement envers Yisraël, ce qui rejoint la promesse faite aux pères : « Je bénirai ceux qui te béniront, et Je maudirai celui qui te maudira », dans ce monde et pour l'éternité. Yisraël représente la finalité de ce monde, et la couronne du monde à venir. D'ailleurs, la Révélation de Yohanân (Apocalypse de Jean) montre qu'il y aura la nouvelle Yéroushalayim, avec des noms Juifs sur les portes et les fondations, la gloire d'Ysraël qui rayonnera dans tout l'univers. Comment une personne qui se bat contre le peuple du Saint, Béni Soit-Il, pourrait-elle donc accéder à une telle éternité ? Un jugement va donc venir faire le tri, et ce jugement sera le jour de Rosh HaShanah. En effet, les nations sont comparées ici aux moutons et aux boucs qui défilent devant le Roi Messie, et nous trouvons dans la Guémara : « Le jour de Rosh HaShanah, tous les humains défilent devant Lui comme les moutons d'un troupeau [pour passer en jugement] » (Rosh HaShanah 18a).

 

Dans tous les cas, que fera un homme pour être acquitter ? Il devra se rapprocher de la Torah et des mitsvot, s'attacher au Messie, travailler ses middot (ses traits de caractères), ses relations au prochain, s'améliorer, avec l'aide d'HaShem et selon ses moyens et son niveau. Qu'il sache également qu'on le mesure avec la mesure qu'il utilise pour les autres, et que s'il pardonne les offenses qu'on lui fait, on lui pardonnera également les siennes.

Une corne venant des temps anciens

Quand Avrahâm voulut sacrifier son fils Yitshaq, un messager des cieux l'en empêcha, et lui ouvrit les yeux sur un bélier, dont les cornes s'étaient coincées dans les branches. Ce-dernier fut offert en offrande à HaShem, et toutes ses parties eurent une utilisation spécifique : le Midrash rapporte que ses tendons ont servi à fabriquer les cordes de la harpes de David Ha'Mélèkh, ses cendres ont servi à la fondation de l'autel du Temple, sa peau fut utilisée pour confectionner la ceinture de cuir d'Eliyahou, sa corne gauche fut confectionnée comme shofar lors du don de la Torah, tandis que sa corne droite est réservée pour le temps de la Rédemption finale, quand tout Yisraël sera ramené par le Roi Messie, comme il est écrit :

« Et vous serez ramassés un à un, enfants d'Ysraël ! En ce jour, on sonnera du grand shofar, et alors reviendront ceux qui étaient exilés au pays d'Assyrie, ou fugitifs au pays d’Égypte, et ils se prosterneront devant HaShem, sur la montagne sainte, à Yéroushalayim » (Yésha'yahou/Isaïe 27:12-13)

Il existe plusieurs explications de ce Midrash, mais nous en donnerons une ici : le message que nos Maîtres veulent nous enseigner, c'est que la délivrance (qu'il s'agisse de la Délivrance Finale ou bien de délivrances personnelles dans nos vies) est un processus, qui commence avant même l'apparition de notre épreuve, pour se terminer le temps "d'un clin d’œil". Le bélier était déjà né avant qu'HaShem ne demande à Avrahâm avinou d'offrir son fils, selon le principe Talmudique du « remède qui précède le mal ». De même, les solutions à nos soucis existent déjà, avant même l'apparition de ces-derniers, mais elles ne peuvent être réellement trouvées que par l'étude de la Torah et la prière. De plus, la délivrance progresse pas étape dans nos vies sans que nous en soyons réellement conscient. David jouait de sa harpe avec les "tendons de la délivrance", Eliyahou s'habillait avec "une ceinture de délivrance", pour nous signifier qu'au travers des actes anodins dans notre vie, sans en être conscient, nous pavons la voie vers la victoire finale. Il ne faut donc jamais désespérer de nos situations, chaque mot de Torah prononcé, chaque prière, chaque acte de sanctification, et même chaque acte du quotidien, apporte une brique à l'édifice, au palais au sein duquel nous fêterons notre délivrance.

Très bientôt, le grand shofar retentira, et nous verrons de nos yeux de chairs le magnifique palais qui s'est construit pour l'humanité, après presque 6000 ans d'histoire Adamique, et chacun verra la ou les pierre(s) que sa vie aura apporté !

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