ויקרא
Parashat Vayiqra
La mort qui conduit à la Vie
Torah : Vayiqra/Lévitique 1:1 à 5:26
1er montée (rishôn) : (Vay/Lév. 1:1-13)
2ième montée (shéni) : (Vay/Lév. 1:14-2:6)
3ième montée (shlishi) : (Vay/Lév. 2:7-16)
4ième montée (révi'i) : (Vay/Lév. 3:1-17)
5ième montée (hamishi) : (Vay/Lév. 4:1-26)
6ième montée (shishi) : (Vay/Lév. 4:27-5:10)
7ième montée (shevi'i) : (Vay/Lév. 5:11-26)
Maftir : (Vay/Lév. 5:24-26)
Haftarah : Yésha'yahou/Isaïe 43:21 à 44:23
Torat Yeshou'a : Lettre envoyée aux Hébreux, chapitre 5
Avec cette section début l'étude du Livre de Vayiqra (Lévitique en français). Cette parasha présente différents types de korbanot, holocaustes, que devait apporter le Peuple d'Israël pour expier ses fautes et se réparer. Y sont décrits les différentes façons qu'ont les Cohanim de dépecer les bêtes et de présenter le sang devant HaShem.
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"Depuis la Tente d'assignation" (Vayiqra/Lévitique 1:1)
"Cela nous apprend que la voix s’arrêtait et qu’elle ne se manifestait pas hors de la tente. J’aurais pu penser qu’il en fût ainsi parce qu’elle était trop basse. Aussi est-il écrit : « “la” voix » (Bamidbar 7, 89). De quelle voix s’agit-il ? De celle dont il est question dans le livre des Tehilim : « “La voix” de HaShem éclate dans la force, “la voix” de HaShem éclate avec majesté, “la voix” de HaShem brise les cèdres » (Tehilim 29, 4). Dans ce cas, pourquoi est-il précisé : « depuis la tente d’assignation » ? Pour nous apprendre que la voix s’arrêtait. Il en est de même dans : « Et le bruit des ailes des chérubins s’entend jusqu’à la cour extérieure » (Ye‘hezqèl 10, 5). J’aurais pu penser qu’il en fût ainsi parce qu’elle était trop basse. Aussi est-il écrit : « Comme la voix de Qél Chaqqaï quand Il parle » (ibid.). Dans ce cas, pourquoi est-il précisé : « jusqu’à la cour extérieure » ? Parce que, dès qu’elle y parvenait, elle s’arrêtait" (Rachi)
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"Un adâm" (Vayiqra/Lévitique 1:2)
"Pourquoi cette précision ? De même que Adam, le premier homme, n’a rien offert de ce qui était volé, puisque tout lui appartenait, de même ne devrez-vous rien me présenter de ce qui est volé" (Rachi)
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"Une odeur agréable pour HaShem" (Vayiqra/Lévitique 1:9)
"Une satisfaction d’esprit pour Moi, car J’ai parlé et Ma volonté a été faite" (Rachi)
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"Avec ses plumes" (Vayiqra/Lévitique 1:17)
"Son vrai plumage. Il n’existe pourtant personne qui ne soit écœuré par l’odeur des plumes brûlées ! Pourquoi le texte dit-il néanmoins qu’on le fera fumer ? Afin que l’autel soit rassasié et embelli par l’offrande du pauvre [le sacrifice étant petit, on y ajoute des plumes, pour qu'il semble plus impressionnant et pour ne pas faire honte au pauvre]" (Rachi)
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"Le sel de l'alliance" (Vayiqra/Lévitique 2:13)
"Une alliance a été contractée avec le sel lors des six jours de la Création, aux termes de laquelle il a été promis aux eaux d’en bas d’être présentées sur l’autel sous forme de sel et sous forme de nissoukh hamayim (« libation d’eau ») à la fête de Soukkot" (Rachi)
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Avec le Séfer Vayiqra/Livre du Lévitique, nous débutons l'étude des korbanot ou sacrifices. En réalité, le mot « sacrifice » est une mauvaise traduction de l'hébreu korbân, qui, littéralement, signifie « rapprocher ». Durant toutes les études donc, le mot korbân sera préféré à sa traduction française.
La première mention d'un korbân, de façon claire, se trouve dans le premier Livre de la Torah, Béréshit ou Genèse, au sujet des frères Qayîn et Havèl, enfants du premier couple de l'histoire, qui offrirent, l'un des aliments de la Terre à HaShem, l'autre du petit bétail.
Cependant, la première allusion (remèz en hébreu) à un tel acte se situe après la faute d'Adâm dans le Gan 'Eden, où HaShem E.lohim fait des habits de peau pour couvrir Adâm et sa femme. Cela renvoie à l'image de la kapparah, l'expiation en français. En effet, le couvercle de l'Arche Sainte s'appelle la kaporet. Il y a donc le sens d'expier, mais aussi de recouvrir, de cacher. Dans notre contexte donc, la kapparah couvre la faute.
Dans l'absolu, la chute de l'homme a entraîné une rupture entre son Père céleste et lui-même. Le korbân permet de rétablir ce lien, d'aider l'homme à renouer, à retrouver une relation avec HaShem.
Maintenant, une nouvelle question surgit : quelle est la différence entre tous les korbanot ? Il existe le korbân animal : celui-ci est tué selon certaines règles, puis brûlé sur l'autel du Temple. Il existe également le korbân végétal constitué d'huile et de fleur de farine, ainsi que la mystérieuse vache rousse qui, de ses cendres, peut redonner la pureté à un homme tout en contaminant celui qui asperge cette eau lustrale !
Interrogeons-nous aussi sur le Messie fils de Yossef, Yéshou'a : il est dit qu'il s'est fait korbân pour rétablir la relation entre nous et HaShem, « annulant » par là même les korbanot tels que décrits dans la Torah, ceux que l'on offrait au Temple. Cependant, comment expliquer qu'après la résurrection, Shi'môn Kéfa/Pierre et Yohanân/Jean montent au Temple pour assister à la mînha, le
korbân de l'après-midi (Histoire des Talmidîm/Actes des apôtres 3:1) ?
Que le Troisième Temple verra le jour avec la reprise des korbanot au Temple, selon la Parole d'HaShem au prophète Yéhézqèl/Ézéchiel (chapitre 40 à la fin de son livre) ?
Yéshou'a a-t-il vraiment tout remplacé ?
Les korbanot selon la Torah de Moshé
Il n'a pas été donné à Israël de comprendre en profondeur la notion des korbanot, cependant, plusieurs explications vraies ont quand même été données au peuple, et transmises. Ainsi, Rabbi Moshé Isserlès nous apprend que le korbân provoque un rapprochement incomparable entre le peuple et HaShem, et Sa Présence Divine ou Shékhinah se lie aux Juifs.
Le Ramban, ainsi que Rabbénou Béhayé enseignent pour leur part que le korbân élève les trois capacités principales de l'homme : sa pensée puisqu'il regrette sa faute, sa parole puisqu'il exprime ses fautes à voix haute (le vidouy en hébreu ou confession orale), et son action puisqu'il voit l'animal subir la mort, ce qui aurait dû lui arriver à la suite de ses fautes.
* Voici, en résumé, les principaux korbanot :
Korbanot très saints
La 'olah (offrande de « montée ») → Offrande du particulier (volontaire, du nazir, de la femme accouchée, du converti, etc)
→ Offrande de la communauté (chaque matin et chaque soir, pour expier le péché d'idolâtrie, etc)
La mînha (offrande végétale) → Offrande végétale facultative du particulier
→ // // obligatoire //
→ obligatoire de la communauté
Shélamé Tsibour
(offrande de paix pour la communauté)
Korbanot d'expiation (hatât en hébreu) → Expiation du particulier (du prince, du particulier, du nazir, du lépreux, du Cohen/prêtre oint, etc)
→ Expiation de la communauté (pour les Fêtes, Rosh Hodesh/Nouvelle Lune, etc)
Korbanot de faute (asham en hébreu) Pour un vol, une atteinte à la sainteté, de l'esclave à moitié affranchie, pour le lépreux, pour un délit dont on n'est pas certain...
Korbanot de moindre sainteté
Korbân de paix (shélamim en hébreu) Offrande de Péssah/Pascal, de la dîme du bétail, du premier-né mâle, du particulier (offrande de paix du nazir, de reconnaissance, en accomplissement d'un vœu)
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Yéshou'a et les korbanot
Nous lisons dans le Téhilim/Psaume 40 la chose suivante (c'est une prophétie au sujet du Messie qui s'adresse à HaShem) :
« Offrande et mînha, Tu ne le désires pas, mes oreilles Tu as creusé [« Tu me l'a fait comprendre »]. La 'olah et le hatât, Tu ne les demandes pas. Alors je dis : « voici ! Je viens avec le rouleau du Livre écrit pour moi. Faire Ta volonté, mon E.lohim, est mon désir, et Ta Torah est dans mes entrailles » » (40:7-9)
Comment le Mashiah peut-il dire qu'HaShem ne désire pas des choses qu'Il a Lui-même ordonnées par l’intermédiaire de Moshé ?
Dans un autre passage du Tanakh (Première Alliance), il est également dit :
« Car les enfants d'Israël resteront longtemps sans Roi, sans chef, sans sacrifice, sans statue, sans éphod, et sans théraphim » (Hoshé'a/Osée 3:4)
Le Roi Messie est venu juste avant la destruction du Second Temple et l'exil de 2000 ans que le peuple d'Israël allait subir. Sans korbanot, sans effusion de sang, il n'y aurait plus eu de pardon, de réparation possible pour le Peuple. Ainsi, le Mashiah est venu et depuis ce temps, dans les Mondes supérieurs, il continue le service dans le Temple céleste, permettant avec son sang, de faire perdurer ce que les différents korbanot réalisent en présence du Temple terrestre.
Il réunit donc en lui tous les korbanot que nous ne pouvons plus réaliser pour l'instant :
« Après avoir livré sa vie en ashâm/korbân pour le péché, il verra une postérité » (Yésha'yahou/Isaïe 53:10)
Cependant, il est écrit dans les prophéties de Yéhézqèl qu'à l'époque messianique, le Temple sera de nouveau reconstruit, et que les korbanot reprendraient !
Il n'y a là aucune difficulté : aucun homme ne peut cumuler les fonctions (le Roi, le prophète, le Cohen/prêtre). Quand Yéshou'a se trouve dans le Temple céleste, il fait office de Cohen et peut donc expier les fautes par son sang. Quand il reviendra, ce sera en tant que Roi et non en tant que Cohen. Il faudra donc un retour au korbanot pour les hommes qui vivront en ce temps-là, jusqu’à ce que le Roi Messie supprime totalement le mal du monde. Alors, par la suite, comme le rapporte le Midrash, tous les korbanot seront définitivement annulés, cela est dit ici :
« Si il était donc sur Terre [Yéshou'a], il ne serait même pas Cohen [prêtre] puisqu'existent ceux qui offrent les dons selon la Torah » (Lettre envoyée aux Hébreux, 8:4)
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La lettre א du premier mot ויקרא ("Et Il appela"), est écrite en petit caractère. Le Ba'al Hatourim rapporte que Moshé voulait écrire ce mot sans cette lettre, ce qui donnerait "Et ce fut arrivé", ce qui implique que le Saint Béni Soit-Il ne lui serait apparu que "par hasard", et non pas grâce à ses mérites. HaShem lui demanda de l'écrire avec cette lettre, mais par humilité, Moshé l'écrivit en plus petit.
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En 2:11, la Torah demande de ne pas apporter de hamets (levain) avec les oblations, ainsi que de miel, car ces-deux là sont comparés au mauvais penchant, qui est doux comme le miel, au début, à l'homme, mais se révèle, à la fin, amer. Rabbi Yeshou'a, à son époque, à mis en garde ses talmidîm contre le hamets de certains Pharisiens, et des Saducéens, c'est-à-dire que le péché tapis dans leur cœur avait pénétré leurs enseignements, qui étaient gonflés de choses mauvaises.
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Dans Vayiqra Rabbah, chap.7, nos Maîtres nous enseignent qu'il est bon que les enfants commencent leurs études scolaires en étudiant le livre de Vayiqra, avec les sacrifices et les notions de puretés et d'impuretés. Car il s'agit de "choses pures" et les enfants sont également "purs de la faute". Ils affirment également que lire chaque jour les passages des sacrifices, rapportés dans les siddourim (livres de prières) possède le même bénéfice qu'apporter un sacrifice au Temple, selon le verset "A la place des taureaux, nous T’offrirons le fruit de nos lèvres". Quand nous lisons avec kavana (intention) le Texte du tamid (sacrifice quotidien) du matin et de l'après-midi, cela est compté comme si nous l'avions effectivement offert. De même, pour les sacrifices 'olah, asham, 'hatat, etc, dans le Texte de la Torah. Ce sont des études qui nous purifient et nous élèvent !
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Toujours à propos de la petite lettre Alef du premier mot, Vayiqra ("Et Il appela"), le Zohar rapporte que cette diminution fait allusion au péché, plus particulièrement à la faute du veau d'or. En effet, quand ce mot apparaît à d'autres endroits (Shémot 3:4 par exemple), la lettre est de taille normale. Le fait que la lettre soit petite correspond à un repli de la Shékhinah sur elle-même, qui ne se manifeste plus avec la même force qu'avant. Cela rejoint le Texte du prophète qui dit que nos fautes font obstacles entre le Saint Béni Soit-Il et nous, comme des nuages cachant la lumière et la chaleur du soleil. Ce sont nos fautes qui "ôtent de la force à HaShem", en quelque sorte, qui "diminuent" Sa puissance envers nous, et qui empêchent nos prières d'atteindre leur but. Par la teshouvah sincère et en profondeur, l'étude et la pratique de la Torah, tout peut néanmoins être restauré.
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I] Chaque jour, nous fautons, de façon volontaire ou non, mais tout est réparable par la téshouvah (repentance), dont voici les étapes : reconnaître le péché et le confesser au Saint Béni Soit-Il Seul. Le regretter, puis prendre sur soi de ne plus recommencer. Même si l'on sait que l'on risque de rechuter, du moment que sur le moment, la teshouvah est réellement sincère, elle est acceptée. Il est bon de faire son introspection chaque fin de journée et l'on pourra s'aider du siddour pour cela, ainsi que des textes contenus dans le siddour de Yom Kippour. Mais le principal reste la prière du cœur avec ses propres mots, pour se rapprocher d'Abba, le Père. Il est également possible d'accompagner la teshouvah par le jeûne, car ce-dernier fait "fondre" la graisse de l'homme, ce qui peut être considéré comme une combustion des graisses sur l'autel.
II] Que l'on soit riche ou pauvre, HaShem accepte avec amour tous les dons et sacrifices des hommes, ainsi que toute la tsédaka que l'on veut donner aux pauvres et / ou pour le monde de la Torah. Chacun donnera selon ses moyens et selon son cœur, avec joie.