תרומה
Parashat Téroumah
Quand la fiction rattrape la réalité !
Torah : Shémot/Exode 25:1 à 27:19
1er montée (rishôn) : (Shé/Ex. 25:1-16)
2ième montée (shéni) : (Shé/Ex. 25:17-30)
3ième montée (shlishi) : (Shé/Ex. 25:31-26:14)
4ième montée (révi'i) : (Shé/Ex. 26:15-30)
5ième montée (hamishi) : (Shé/Ex. 26:31-37)
6ième montée (shishi) : (Shé/Ex. 27:1-8)
7ième montée (shevi'i) : (Shé/Ex. 27:9-16)
Maftir : (Shé/Ex. 27:17-19)
Haftarah : Mélakhim/1 Rois 5:26 à 6:13
Torat Yeshou'a : Lettre envoyée aux Hébreux, chapitre 9
HaShem demande à Ses enfants de faire des offrandes pour la construction du Mishkân, le Tabernacle. Puis commence la description de l'arche, située dans le Saint des saints, de la Table, de la ménorah (le chandelier), de l'autel, et de la structure extérieure et intérieure.
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"Et des peaux de béliers teintes en rouge et des peaux de téhashîm" (Shémot/Exode 25:5)
"C’est une espèce animale qui n’a existé que pour la circonstance (Shabbat 28b). Elle portait de multiples couleurs et le Targoum Onqelos traduit par sasgouna : elle se réjouissait (sass) et se glorifiait de sa polychromie (gavna)" (Rachi)
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"Et des bois de chittim" (Ibid.)
"Mais d’où en avaient-ils dans le désert ? Rabbi Tan‘houma a expliqué : Notre ancêtre Ya‘aqov avait prévu, grâce à son esprit saint, qu’Israël construirait un jour un tabernacle dans le désert. Aussi a-t-il introduit des cèdres en Égypte, qu’il a plantés, et il a ordonné à ses enfants de les emporter lors de leur sortie d’Égypte" (Rachi)
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"Ils me feront un Sanctuaire, et Je demeurerai en leur sein" (Shémot/Exode 25:8)
Le Texte aurait dû dire "Je demeurerai en lui". Mais cela signifie que le Saint Béni Soit-Il, peut alors demeurer en chaque fils et fille d'Israël, car chaque Juif est un Temple pour la shékhinah, la Présence Divine.
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"Tu feras deux kérouvîm" (Shémot/Exode 25:18)
Ces deux messagers célestes avaient l'image de nourrissons (Rachi), un mâle et l'autre femelle, pour représenter le couple, socle du dévoilement Divin authentique.
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"Tu mettras la table" (Shémot/Exode 26:35)
"La table était au nord, distante du mur nord de deux coudées et demie (Yomah 33b, Mena‘hot 99a). Et la ménorah était au sud, distante du mur sud de deux coudées et demie. Quant à l’autel d’or, il était placé face à l’intervalle qui séparait la table de la ménorah, repoussé légèrement vers l’est. Tous trois étaient disposés dans l’espace qui allait de la moitié du tabernacle vers l’intérieur. Comment cela ? La longueur du tabernacle, de l’entrée jusqu’au voile, était de vingt coudées. En ce qui concerne l’autel, la table et la menorah, ils étaient distants, à partir de l’entrée, de dix coudées en direction de l’ouest" (Rachi)
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Avec cette section, nous commençons les parties de la Torah qui peuvent paraître "rébarbatives", de par leurs descriptions du Tabernacle, des korbanôt/sacrifices, des recensements des Israélites dans le désert, etc. Mais quand ces passages sont étudiés en hébreu, avec la Torah Orale et les explications de nos Maîtres, des portes s'ouvrent sur des mondes inimaginables ! Mais il faut creuser et étudier !
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« Parle aux enfants d'Israël : qu'ils M'apportent une offrande, vous la recevrez pour moi de tout homme qui la fera de bon cœur » (Shémot/Exode25:2)
L'homme authentique est celui qui pratique la Torah en y mettant le cœur, c'est-à-dire servir HaShem avec joie. Cet état intérieur est tellement important qu'il est une des raisons des multitudes de souffrances et malédictions que le Créateur envoie, comme il est écrit :
« Toutes ces malédictions viendront sur toi […] pour n'avoir pas, au milieu de l'abondance de toutes choses, servi HaShem ton E.lohim avec joie et bon cœur » (Devarim/Deutéronome 28:45 et 47)
Et qu'est-ce que la joie ? Un état de tranquillité et de shalom, de paix et de foi intérieurs donnant à l'homme des forces pour toujours repousser les limites et aller plus loin avec son D.
Il est cependant très dur de servir le Père en joie, car cela signifie que même dans l'épreuve, l'homme ne vacille pas, et croit que tout arrive pour son bien. Rav Ben Tsiôn Abba Shaoul disait : "Il existe trois façons de servir HaShem : par l'étude de Torah, par la prière et par la joie. Mais la plus dure des trois, c'est par la joie".
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« Tu feras pour la Tente une couverture de peaux de béliers teintes en rouge, et une couverture de peaux de 'dauphins' par-dessus » (Shémot/Exode 26:14)
Il s'agit là d'un problème de traduction, les auteurs ne connaissant pas le sens du mot tahashe en hébreu, qu'ils ont donc rendu par dauphin. En réalité, cet animal est mentionné dans le Talmud :
« Le tahashe ressemblait à une sorte de Tela Ilan [Rachi : petit félin suspendu aux arbres au pelage tacheté et richement coloré], car comme lui il avait de nombreuses couleurs, mais il n'était pas comme lui car le tahashe, lui, est kasher. Par conséquent, c'est pourquoi l'on traduit [en araméen] tahashe par « sasgona », ce qui signifie « qui se réjouit de la beauté de ses nombreuses couleurs ».
Rabbi Illa a dit au nom de Rabbi Shim'ôn ben Lakish : Rabbi Méïr disait : le tahashe qui existait du temps de Moshé était une créature unique, et les Sages n'ont pas pu trancher à son propos s'il était une sorte de béhémah ou une sorte de hayah (appartenant aux animaux domestiques ou sauvages). Il avait une seule corne sur le front, et s'est présenté à Moshépour les besoins de l'heure, et il en a fait un recouvrement pour le mishkân, et il a ensuite été caché » (Traité Shabbat 28a et 28b)
Il ne s'agit donc pas d'un « dauphin », mais d'un petit animal grimpant aux arbres, à pelage multicolore et possédant une corne sur la tête ! En bref : un animal fantastique !
Après tout, ce n'est pas étonnant. Car saviez-vous...que le Midrash enseigne qu'avant le déluge existait un oiseau de feu qui renaissait de ses cendres, le phœnix ? Ainsi que des centaures (corps de cheval avec un buste d'homme) ? Que les sirènes existent ? Que certains démons, comme le rapporte le Talmud, peuvent ressembler à des gros lézards avec plusieurs cous et têtes, tel l'hydre dans la mythologie grecque ?
Les traditions des peuples 'piochent' dans des réalités physiques et spirituelles qui ont bel et bien existé. D'ailleurs, ne dit-on pas dans le Séfer Béréshit/Livre de la Genèse que les « fils de D. » qui ont été avec les « filles des hommes » ont donné naissance aux héros des temps fameux ? De là la tradition d'un « hercule » se battant contre un « hydre » à plusieurs têtes ?
L'existence de dragons est également affirmée par la tradition orale. D'ailleurs, la Révélation de Yohanân, l'apocalypse, parle du satân prenant la forme de dragon. La Parole d'HaShem, qui Est la Vérité, prendrait-elle des images de la mythologie grecque, si celles-ci n'étaient pas une réalité à la base ?
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Le Mishkân, c'est-à-dire le Tabernacle, est une représentation de la structure physique et spirituelle de l'homme. Étudier ces passages en hébreu, avec des Maîtres, permet d'accéder a une compréhension de l'humain exceptionnelle. Un Jour, un homme devait se faire opérer en Israël d'une tumeur, mais le chirurgien ne savait comment procéder pour ce cas spécial. Un Maître d'Israël, à partir de son étude de la Torah approfondie, a montré par un schéma au chirurgien comment retirer ce corps étranger. Ce-dernier a suivi ses conseils et a connu le succès !
Ainsi, déjà à notre niveau, nous pouvons comprendre que l'Arche de l'alliance, c'est la tête de l'homme, et les Tables de la Torah à l'intérieur sont son cerveau, qui doit être rempli de la Parole Divine. La ménorah/chandelier représente les yeux de l'homme qui éclaire son corps. L'autel des parfums, son odorat. La Table avec les pains, son système digestif.
L'autel qui brûlait les korbanôt/ « sacrifices » à l'extérieur est son système d'évacuation. Les tapis sur le Tabernacle sont les tissus humains intérieurs, les poutres extérieures sa peau, etc.
Tout cela représente également le « Visage » et le « Corps » du Créateur dans ce monde, Sa Présence parmi nous, d'où l'importance cruciale du Temple de Yéroushalayim/Jérusalem, qu'il soit vite reconstruit de nos jours par le Roi Messie Yéshou'a, amen !
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Le Ba'al Hatourim rapporte dans son commentaire (25:10) que la guématria du mot arôn ("arche" [de l'alliance]) est de 257, égale à celle de nézèr ("diadème"), pour montrer que la couronne de la Torah (l'arche contenait les deux tables de la loi) surpasse les autres couronnes (celle de la royauté et celle de la prêtrise, selon les Pirqé Avot). Il y a de plus une autre allusion, puisque la Torah parle d'une "couronne d'or" autour de l'arche. En hébreu, "or" se dit zahav, de guématria 14, comme le nom David. La Torah est donc telle une couronne sur la tête du Roi David, ce qui est confirmée par nos Sages, qui nous enseignent que "la halakha allait selon David". Ce qui signifie que bien qu'il était Roi, c'était son érudition en Torah qui faisait sa grandeur, à tel point qu'au sujet des difficultés dans la loi, quand il fallait trancher, la vérité était toujours de son côté !
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HaShem demande à Moshé de confectionner l'arche de l'alliance. Cette-dernière est constituée de trois coffrets (deux en or et celui à l'intérieur en bois de chittim), avec une bordure d'or en haut, sur laquelle repose le couvercle, la kaporèt. Sur ce couvercle se trouve deux kérouvîm, au milieu desquels la Shékhinah parlait. Nous trouvons ici toute une allusion, un midrash, au sujet de la connexion de l'homme avec le Saint Béni Soit-Il. Pour une communication optimale avec le Divin, il nous faut les tables de la Loi (qui étaient contenues dans l'arche). Car sans la Torah, la connexion est nulle, comme il est dit : "Si quelqu'un détourne l'oreille pour ne pas écouter la Torah, sa prière même est une abomination" (Mishléi/Proverbes 28:9). Il faut donc non seulement suivre les injonctions, les mitsvot, mais plus que ça, la Torah doit devenir la vie même de la personne, ce qui est représenté par la bordure d'or, qui fait allusion à la couronne de la Torah, tel un Roi qui représente son Royaume. Mais ce n'est pas encore fini : sa Torah doit supporter le couvercle, la kaporèt. Ce mot vient de kapparah, signifie expiation, et qui est une allusion au Tsadik, au Messie Yeshou'a qui fait l'expiation des fautes, lui qui est "le but de la Torah pour la justification" (Shaoul). Autour de l'axe de la Torah et du Messie doit alors se construire la communauté, le rassemblement des talmidîm, ce qui est symbolisé par les deux kérouvîm qui se regardent, et au milieu desquels HaShem parle.
Ce n'est donc qu'en étudiant la Torah, en la pratiquant, en étant immergé dedans, attaché au Tsadik et en relation avec la communauté que nous pourrons véritablement établie une relation authentique avec notre Père des Cieux. Si il manque une seule de ces facettes, la connexion est obligatoirement défaillante.
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Le but du mishkân est d'établir une résidence pour HaShem ici-bas. Par son biais, la Shékhinah peut se dévoiler dans ce monde. Cette-dernière représente la séfirah de la malkhout (la Royauté), qui est le monde matériel, ce qui signifie que notre univers ne peut être parfaitement connecté au Divin que lorsque la Shékhinah y est totalement installée. Le tabernacle, ou les Temples de Yéroushalayim, représentent la configuration matérielle précise pour que la Présence Divine puisse se manifester de manière parfaite, rien n'est laissé au hasard : la table, la ménorah, l'autel d'or, les dimensions, les emplacements, les couleurs, absolument tout répond à des critères précis. De même qu'en science, chaque particule possède sa propre taille, son propre poids, sa propre "mission", que les lois physiques et chimiques répondent à des critères très précis, de même dans le domaine spirituel. Quand le Roi Messie Yeshou'a se dévoilera, il nous apprendra chaque secret de la Torah, et nous montrera comment chaque lettre de cette-dernière participe à dévoiler l'infinie grandeur du Créateur et de Son œuvre.
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I] Quand un homme veut pratiquer la Torah, il doit se plier aux injonctions et aux lois telles qu'elles sont inscrites dans le Shoulkhân 'Aroukh. Les mitsvot sont régies par des règles très précises, et la moindre transgression invalide le commandement. Si nous prenons l'exemple des Téfilines, celles-ci doivent être cubiques, de couleur noire, avec des lanières en cuir, contenant (pour celui de la tête) quatre compartiments pour quatre parchemins, écrits par un sofèr compétent dans la halakha et craignant les Cieux. Si une seule règle venait à être transgressée, les Téfilines seraient invalides. Il faudra donc faire très attention, comme Rabbénou Yeshou'a le rapporte : "Les sof'rim et les p'roushim sont assis dans la chair de Moshé : par conséquent, tout ce qu'ils vous disent, faites-le et gardez-le" (Matityahou 23).
II] On devra étudier en profondeur, avec les commentaires de nos Maîtres, l'ensemble de la Torah, même ces parashiot qui n'ont pas l'air de nous être destinées. Chacune recèle des trésors infinis permettant à l'homme de se construire, mais comme tout ce qui est précieux, il faut chercher, creuser, y passer du temps.